L’héritage de La Jeune Fille à la perle de Vermeer - Article

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Qui aurait cru qu’une jeune fille anonyme, peinte par un peintre presque inconnu de son vivant, deviendrait une référence dans la culture populaire du 21ème siècle ? Réalisée entre 1665 et 1666, La jeune fille à la perle de Vermeer est une peinture à l’huile et un chef-d’œuvre connu pour sa sobriété. La simple expression de cette jeune fille, alliée au talent de Vermeer, en a fait le sujet d’un livre, d’une pièce de théâtre, et même d’un film hollywoodien. Toutes ces interprétations ont le même but : comprendre qui est cette jeune fille, quelle est son histoire, et qu’est-ce qui pourrait bien rendre cette œuvre si envoûtante ?

Malgré ses mystères, celle que l’on surnomme la « Mona Lisa du Nord » continue de donner lieu à d’infinies réinterprétations. Elle a même été parodiée par Banksy avec Girl with a Pierced Ear Drum (Jeune fille au tympan percé) où un système d’alarme remplace sa fameuse boucle d’oreille. Si vous aussi, vous souhaitez savoir ce qui rend cette œuvre si cruciale au sein de l’histoire de l’art, Artsper est là pour vous dévoiler tous les secrets de son succès !

L’histoire de cette mystérieuse peinture de Vermeer

Si le portrait de La jeune fille à la perle de Vermeer est envoûtant grâce au regard fixe de celle-ci, l’œuvre en elle-même a eu un parcours mouvementé depuis sa production. Peinte vers 1665 pour une raison inconnue, le tableau est ensuite perdu pendant plus de 200 ans ! Elle est retrouvée après avoir été vendue pour quelques pièces et nettoyée. Depuis 1902, elle réside sagement à la Mauritshuis à La Haye.

Le portrait démontre une maîtrise remarquable des couleurs et des reflets. La boucle d’oreille, la bouche et les yeux brillants de la jeune femme s’accordent parfaitement avec le bleu et le jaune pastel de son foulard. Si l’on observe de plus près, la fameuse boucle d’oreille n’est qu’un jeu de reflet. Elle est en fait le résultat de deux légers coups de pinceau. Le regard de la poseuse en fait également une œuvre dont on se sent proche ; elle nous regarde (ou plutôt, elle regarde Vermeer) avec une certaine intimité. Pourtant, elle n’a aucune caractéristique qui la différencie de quelqu’un d’autre… C’est d’ailleurs pour cette raison que son identité est encore inconnue.

La curiosité autour de cette peinture n’est pas neuve. D’ailleurs, le livre de Tracy Chevalier, qui attribue un récit fictif à ce portrait, s’est vendu à plus de 5 millions d’exemplaires dans le monde. Ironiquement, cette peinture n’était pas du tout célèbre du temps de l’artiste. Ce n’est qu’après sa redécouverte qu’elle a été appréciée par la société bohème parisienne du 19ème siècle.

La Mona Lisa du Nord

Tout comme La Joconde, ce portrait captive pour des raisons étranges. Dans les deux cas, ces modèles sont devenus des symboles de beauté objective. Elles ont toutes les deux un visage plutôt traditionnel, et n’auraient d’ailleurs pas forcément été considérées belles pour l’époque. Elles ont également peu de signes de richesse, leurs seuls accessoires sont les traits de leur visage.

Il est suggéré que le portrait de Vermeer serait un « tronie ». Cela correspond à une peinture faite pour démontrer les capacités de l’artiste dans un certain registre ou type de représentation. Ici, Vermeer nous montre donc son talent dans la représentation de la beauté sans artifice. De nombreuses études sont encore faites sur cette œuvre, pour déchiffrer ses nombreux secrets. Comme avec Mona Lisa, il y a quelque chose d’intangible qui fait de cette peinture une œuvre si spéciale.

L’illusion de la perle

La peinture de Vermeer avait pour habitude de représenter des scènes intimes. Souvent dans une maison, en pleine action, où le public est invité tout en étant gardé à l’écart. Ici, la jeune femme est seule, sans fond. L’artiste nous présente donc quelque chose de différent : une étude plus psychologique. À l’époque, les portraits avaient un but précis : représenter la fortune d’un membre de la noblesse par exemple. Mais ici, la jeune fille sur le portrait est anonyme.

Cet intérêt de Vermeer n’est pas anodin : à l’époque où il travaillait, les grands patrons d’artistes étaient principalement des marchands. Ceux-ci aimaient particulièrement les représentations de la classe moyenne, comme faisait souvent Vermeer. Il nous rappelle que la fortune est quelque chose de superficiel ; tout comme cette perle. Sur le portrait, elle capte l’attention, mais elle n’est pas tout à fait réelle. En effet, Vermeer n’avait probablement pas les moyens de se procurer un bijou aussi luxueux. Beaucoup ont donc analysé cette peinture comme ayant une signification plus profonde quant à la situation économique de l’époque.

Vermeer, l’artiste qui nous apprend à trouver la beauté dans les choses simples

Lorsque l’on parle de Vermeer, on pense à une présence timide. Un artiste qui était peu connu de son vivant, et qui n’essayait pas pour autant d’en faire trop. Si on observe les peintures de l’un de ses contemporains comme Rembrandt, les peintures de Vermeer nous offrent quelque chose de complètement différent. Rembrandt et les autres peintres baroques nous présentent des scènes agitées, où une quinzaine de personnages se bousculent sur une toile. Vermeer, lui, fait l’inverse. Ses scènes sont intimes, calmes, presque banales. Ce sont souvent des femmes, si occupées qu’elles ne remarquent même pas qu’elles sont observées. Et pourtant, la beauté de ces scènes se trouve exactement dans cette maîtrise de la simplicité. Ses œuvres nous donnent envie d’observer, nous aussi en silence, l’action en cours.

La jeune fille à la perle est une manifestation même de la beauté dans la simplicité. Son portrait n’a rien de particulièrement distinctif, son visage est plutôt commun. Elle est placée sur un fond sombre, et nous ne savons rien d’elle. Pourtant, Vermeer réussit avec très peu d’éléments à la faire sortir de l’ordinaire. La sobriété de la peinture de Vermeer était alors peut-être le début de l’abandon de l’extravagance baroque. Quoi qu’il en soit, l’héritage de Vermeer sera sûrement présent encore longtemps, car son style est aussi mystérieux qu’intemporel.

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