Si le portrait de La jeune fille à la perle de Vermeer est envoûtant grâce au regard fixe de celle-ci, l’œuvre en elle-même a eu un parcours mouvementé depuis sa production. Peinte vers 1665 pour une raison inconnue, le tableau est ensuite perdu pendant plus de 200 ans ! Elle est retrouvée après avoir été vendue pour quelques pièces et nettoyée. Depuis 1902, elle réside sagement à la Mauritshuis à La Haye.
Le portrait démontre une maîtrise remarquable des couleurs et des reflets. La boucle d’oreille, la bouche et les yeux brillants de la jeune femme s’accordent parfaitement avec le bleu et le jaune pastel de son foulard. Si l’on observe de plus près, la fameuse boucle d’oreille n’est qu’un jeu de reflet. Elle est en fait le résultat de deux légers coups de pinceau. Le regard de la poseuse en fait également une œuvre dont on se sent proche ; elle nous regarde (ou plutôt, elle regarde Vermeer) avec une certaine intimité. Pourtant, elle n’a aucune caractéristique qui la différencie de quelqu’un d’autre… C’est d’ailleurs pour cette raison que son identité est encore inconnue.
La curiosité autour de cette peinture n’est pas neuve. D’ailleurs, le livre de Tracy Chevalier, qui attribue un récit fictif à ce portrait, s’est vendu à plus de 5 millions d’exemplaires dans le monde. Ironiquement, cette peinture n’était pas du tout célèbre du temps de l’artiste. Ce n’est qu’après sa redécouverte qu’elle a été appréciée par la société bohème parisienne du 19ème siècle.
Lorsque l’on parle de Vermeer, on pense à une présence timide. Un artiste qui était peu connu de son vivant, et qui n’essayait pas pour autant d’en faire trop. Si on observe les peintures de l’un de ses contemporains comme Rembrandt, les peintures de Vermeer nous offrent quelque chose de complètement différent. Rembrandt et les autres peintres baroques nous présentent des scènes agitées, où une quinzaine de personnages se bousculent sur une toile. Vermeer, lui, fait l’inverse. Ses scènes sont intimes, calmes, presque banales. Ce sont souvent des femmes, si occupées qu’elles ne remarquent même pas qu’elles sont observées. Et pourtant, la beauté de ces scènes se trouve exactement dans cette maîtrise de la simplicité. Ses œuvres nous donnent envie d’observer, nous aussi en silence, l’action en cours.
La jeune fille à la perle est une manifestation même de la beauté dans la simplicité. Son portrait n’a rien de particulièrement distinctif, son visage est plutôt commun. Elle est placée sur un fond sombre, et nous ne savons rien d’elle. Pourtant, Vermeer réussit avec très peu d’éléments à la faire sortir de l’ordinaire. La sobriété de la peinture de Vermeer était alors peut-être le début de l’abandon de l’extravagance baroque. Quoi qu’il en soit, l’héritage de Vermeer sera sûrement présent encore longtemps, car son style est aussi mystérieux qu’intemporel.
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